Ici, sur l'Île d’Oléron. On a rencontré ceux, sans qui le paysage ne serait pas le même, un paysage maritime qui varie selon les saisons et les marées, tout comme leur métier. Regroupés autour d’un collectif de producteurs, HCM, les ostréiculteurs de Charente-Maritime défendent leurs valeurs, leur métier et leurs huîtres. Cyril nous fait le récit de ce choix.

Sommaire

00:00:57 : Cyril Pain, paysan de la mer
00:03:52 : Le rapport à la nature
00:07:00 : Changement climatique
00:09:44 : HCM, les Huîtres Charente-Maritime
00:11:23 : Ostréiculteur, métier passion
00:13:00 : Les huîtres, un plaisir festif

On a parlé de :

  • l’île d’Oléron
  • Lien paysan de la mer/paysan de la terre
  • Lien avec la nature
  • Changement climatique
  • Métier, Ostréiculteur
  • Travail dans les parcs
  • Commercialisation des huîtres
  • HCM

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@leshuitres pain

Retranscription :
00:00:57 : Cyril Pain, paysan de la mer
00:03:52 : Le rapport à la nature
00:07:00 : Changement climatique
00:09:44 : HCM, les Huîtres Charente-Maritime
00:11:23 : Ostréiculteur, métier passion
00:13:00 : Les huîtres, un plaisir festif
EQE#1Paysans de la mer.mp3

[00:00:57] Cyril Pain
Donc Cyril Pin, ostréiculteur au Chenal d'Or sur la commune du château d'Oléron. Je suis la troisième génération
d'ostréiculteurs dans la famille, donc nous assurons la production et la commercialisation de nos huîtres. Charentemaritime
les fameuses HCM. Toute ma production est faite sur place, sur les côtes de l'île d'Oléron et les côtes
continentales du département de la Charente-Maritime. On nous appelle les paysans de la mer. Ce n'est pas pour rien.
On a exactement les mêmes contraintes, hormis que nous, par rapport à l'élevage de bêtes, on n'a pas à faire la traite
ou on n'a pas de vaccination, pas de nourriture à faire. Mais le cycle est exactement le même. On s'adapte à la nature
et on fait avec les moyens du bord, bien sûr. La seule petite différence, c'est qu'on est quand même un petit peu moins
mécanisé que nos amis agriculteurs. Ça c'est voilà, on est sur une île, même si on y est pour le boulot, mais il y a plein
de choses et puis voilà, il y a ce côté attaché à la terre et je pense que. Je pense qu'il y a beaucoup de gens. Dans leur
secteur, hormis peut être les grosses agglomérations, mais on voit bien un paysan en Creuse, il est attaché à sa terre,
en Creuse, il ira jamais faire ses céréales ou son élevage ailleurs, il est vraiment attaché à son territoire.
[00:02:17] Cyril Pain
Donc je pense que c'est pareil parce qu'on a ce côté îlien justement où on protège un peu et même si on s'en rend pas
compte dans la vie de tous les jours, mais on reste quand même assez îlien, c'est chez nous quoi. Et on est pas corses
mais presque. D'ailleurs quand on parle, on est toujours en train de dire on va sur le continent où voilà, ça, ça reste
vraiment, ça reste quand même cette limite. Et par exemple, moi, quand on a avec moi ma femme, quand on a choisi
d'acheter une maison, si on n'avait pas eu le choix, on aurait été vivre sur le continent, mais ça m'aurait vraiment fait
mal. Alors mon épouse, elle est du continent, donc ça ne la gêne pas. Mais moi non. Quand je lui ai dit oui. Quand tu
commences à chercher, oui, mais ne passe pas trop le pont quand même.

[00:03:07] Cyril Pain, paysan de la mer
Oui, Après, après, voilà, il y a le nord, il y a le nord et le sud de l’île Nous, on va quasiment jamais dans le Nord. Je vous
rappelle l'île d'Oléron, 30 kilomètres de long.

[00:03:22] Cyril Pain, le départ
Bon bah on va se préparer pour pour y aller. Donc là, aujourd'hui, on va. On part, on va nettoyer, on va nettoyer un
parc, on va passer le cercle parce qu'en fait on est dans une zone où j'ai un parc qui doit être complètement vide à
cette date là. C'est réglementaire. Et après on va charger des poches, des poches d'huîtres et des tables.

[00:03:47] EQE
Et là, c'est parti.

[00:03:52] Cyril Pain « Partir en mer »
Pour partir en mer, c'est la partie de mon métier que je préfère. Une fois sorti le côté commerce où j'aime bien cette
relation avec les clients. Mais justement, partir en mer sur entre le continent et l'île d'Oléron, pour moi, c'est vraiment le
le point fort de mon métier. C'est toujours différent, autant dans la météo que dans la navigation, dans le travail qu'on a
à faire. Ça, c'est vraiment quelque chose pour moi de primordial. Et ça reste le contact avec la base de notre métier. Il
y a plein de belles choses à faire entre la partie production, la partie navigation, la partie commerciale. Il y a plein de
métiers dans l'ostréiculture, il y a plein de métiers différents. On peut, si on veut, ne pas tout faire. Voilà, moi j'ai fait le
choix de tout faire de la reproduction jusqu'à la vente, mais on peut morceler le métier. Donc c'est vrai qu'on serait
content d'accueillir, d'accueillir un peu plus de jeunes.

[00:04:59] RadioFM bateau
Etel, Crossa. Etel. Crossa. Croisa Ethel. Bulletin météorologique spécial.

[00:05:05] Cyril Pain « Le rapport avec la nature « 
Le rapport avec la nature fait que, en fonction des conditions de météo et de navigation, on adapte aussi si on peut, le
travail pour ne pas prendre de risque. Je vais voir mon collègue qui s'en va, qui est parti là bas. Il est parti beaucoup
plus tôt que prévu parce qu'il va dans un coin où il risque de rencontrer beaucoup de houle. Il va aller, il va aller
beaucoup moins vite, donc il va être obligé d'adapter son allure de navigation. Et pour ça, il a anticipé un peu. Il est
parti plus tôt que d'habitude. C'est ce côté nature qu'on ne contrôle pas et heureusement finalement. Parce que sinon
on se on se battrait sûrement un peu plus. Là au moins, on s'adapte avec la nature, avec ce qu'elle nous donne, on fait
avec. On va sur des journées comme ça où on a un petit peu de clapot et de mauvais temps. C'est vrai qu'au niveau
navigation, il faut qu'on fasse toujours un peu attention à nous et aussi à nos collègues, parce que c'est vrai qu'on a
tendance à se mettre à l'abri dans les cabines. Donc on a toujours un petit peu moins de visibilité. Il faut toujours
regarder un peu, un peu comme sur la route, ce qui se passe autour. Après, ça fait voir aussi qu'on ne va pas récupérer
nos huîtres que quand il fait super beau, qu'il y a du soleil et qu'on travaille en combi de plongée quoi. Il y a.

[00:06:15] Cyril Pain « Changement climatique »
Voilà l'hiver, on a. On a le bout des doigts qui est tout violet tellement on a froid. On est dans l'eau. Mais ça fait partie
aussi du plaisir du métier. Parce que des fois aussi, en Charente-Maritime, il fait un peu froid. Moi, mon père, qui a
forcément plus d'expérience que moi, constate que, à marée à fort coefficient, marée haute, l'eau, l'eau de la mer, l'eau
de la marée va beaucoup plus haut sur les terres qu'avant. Donc ça veut bien dire à un moment donné qu'il y a quand
même quelques changements. Après, sur la vie de nos huîtres, on ne sait pas trop ce qui nous fait peur. Ça va être les
changements avec l'acidité des océans, des choses comme ça où nos nos coquillages ont une coquille calcaire. Donc
s'il y a un peu d'acide, c'est moins, c'est moins bon. Après là, nous, dans la vie de tous les jours, ce qu'on voit surtout,
c'est le changement de certaines espèces d'algues ou de poissons qui viennent dans nos territoires, qui qui étaient
avant, avant, bien plus au sud que maintenant. Donc ça veut dire que sûrement que l'eau a pris quelques quelques
degrés, et puis que ces poissons, ces algues remontent plus au nord qu'autrefois. Donc il y a forcément un
dérèglement. Donc là, mes gars, eux, vont s'arrêter ici parce qu'ici c'est un parc qui est On est chez moi. Donc là, ils
vont ils vont attendre que la marée baisse un petit peu et après ils vont vider leur chargement et après ils vont nous
rejoindre.

[00:08:07] Cyril Pain « Entretenir les parcs »
Là, on était sur l'autoroute. Maintenant, on va prendre un petit chemin de campagne. Donc là, on va rentrer dans la
zone des parcs ostréicoles. En plein centre du bassin Charente-Maritime. Et là, on va justement s'approcher d'un de
mes parcs. Donc là, on rentre dans une allée. Donc c'est une allée de navigation qui est prévue pour ça. Donc à droite
et à gauche du bateau, il y a des parcs à huîtres. Par contre, là au milieu, on peut, on peut naviguer en faisant
attention. Par contre, c'est des chemins qui sont juste de la taille du bateau. Donc il faut rester assez vigilant pour pas
casser son bateau et pour pas endommager les structures des collègues. Là on a de la jachère à faire obligatoire,
contrairement au monde agricole où c'est pour redonner un petit peu de de vie à la terre. Nous, c'est vraiment pour
faciliter l'entretien et le dévasage des barques à marée basse, il n'y a pas d'eau. Et c'est vrai que à force de travailler
en permanence trop dans la vase, c'est fatiguant, c'est épuisant. Donc on essaye d'entretenir un peu nos barques.
C'est comme une charrue, un petit peu. Ça va brasser le fond derrière le bateau et comme ça on remet la base en
suspension avec le courant, elle va partir, ce qui nous permettra dans deux ou trois mois de venir retravailler dans ce
parc là, sans trop être obligé d'enfoncer et de fatiguer dans la vase.

[00:09:44] Cyril Pain « Les Huitres Charente-Maritime »
Les huîtres Charente Maritime qu'on prénomme HTM. Ça représente la marque collective de l'ensemble des
professionnels du département de Charente-Maritime. Au moins, ça nous permet de communiquer avec nos collègues
de l'île de Ré, de La Rochelle, Bourcefranc, l'île d'Oléron, tous sous le même, sous la même appellation pour préciser
aux gens qu'on peut avoir différents types d'huîtres affinées en clair ou sur Park. Tout plein de productions différentes,
mais sous l'appellation du département, donc Huîtres Charente-Maritime. Faire de la vente directe, c'est c'est la
passion, on sait pas, on est là pour gagner notre vie, mais c'est pas le. Le plus important, c'est vraiment de transmettre
l'information, une qualité de produit, tout en restant bien sûr d'un point de vue économique. Il faut quand même que le
chef d'entreprise regarde un petit peu ses comptes. Il faut que ça tienne au moins l'équilibre. Mais après, voilà, on n'est
pas fait pour devenir des gens qui vont investir en bourse ou quoi que ce soit. C'est c'est vraiment le côté passion et
passionné Qui qui qui va remporter la mise? D'un point de vue. Économique, être trop passionné, c'est pas forcément
Mieux. Il faudrait des fois réussir à se détacher un peu et à penser plus comme un business-man. Mais bon, quand on
est à la production, on est pas fait pour ça. C'est la passion qui l'emporte. Il n'y a pas. Voilà. J'ai toujours vu mon grand
père, mon père faire les huîtres.

[00:11:23] Cyril Pain « Consommer des huîtres »
Alors on a évolué dans la façon de faire et de commercialiser parce que voilà, ça évolue. Mais j'ai toujours voulu faire
ce métier là. Tout petit. Et si jamais je n'avais pas pu faire ce métier là pour différentes raisons, il aurait fallu
absolument que je trouve un métier au niveau maritime. Parce que le monde marin me fascine, me plaît. Mais j'ai tout
fait pour, pour pouvoir justement être en capacité tant que je peux de, de, de, de prendre la suite de mon grand père et
de mon père. On fait exactement les mêmes gestes que mon grand père, ça s'est légèrement modernisé. Mais après à
côté de ça, c'est vraiment le typiquement les gestes de la profession, dont toute la culture de l'ostréiculture en Charente
Maritime, ça reste essentiel à la transmission du savoir et à la qualité du produit. On essaye toujours de développer
une nouvelle clientèle pour habituer les gens à consommer des huîtres autrement qu'au fameux repas traditionnel de
Noël et du jour de l'an ou pour l'anniversaire de la grand mère. On essaye de leur faire comprendre que ça peut être
aussi un petit un petit plaisir festif le week end, ça peut être aussi des petites huitres pour l'apéro avec les copains.
Voilà de de changer les habitudes, faire des huîtres chaudes. Enfin voilà, il y a plein plein de de possibilités. Et donc il
faut habituer le consommateur à manger des huîtres aussi autrement.

Merci à Cyril Pain, de nous avoir ouvert la voix de son essentiel.

Conception, production et communication : EQE
Réalisation, conception graphique : Armel Toucour
Stratégie marketing, commercialisation : Frédéric Delesque
Mixage et musique originale : Rone "Parade"